Suite à des ateliers découverte de la danse contemporaine...
Des mots posés sur la danse, des ressentis personnels...
Par les étudiants de 2ème année à l’Institut de Formation en Psychomotricité...
« Première séance : Kinesphère
Deuxième séance : Poids du corps, équilibre/déséquilibre
Troisième séance : Souffle, écoute
Quatrième séance : Canons, accumulations
Cinquième Séance : Portés, poids, contrepoids, sol
Sixième et septième séance : Vidéos »
« C’est donc la première fois que je rédige un dossier dans le cadre de mes études, depuis l’apparition de cette nouvelle ère masquée. Quoi de mieux que la danse pour exprimer ses ressentis, pour extérioriser la pression que nous vivons au quotidien ? »
« Allions-nous seulement devoir reproduire des chorégraphies ? En créer ? Est-ce que cela serait rendu abstrait ou concret ? Cela sera-t-il difficile techniquement et physiquement ? »
« Quand on y prête réellement attention, il devient plus aisé de sentir les réactions de chacun et de les anticiper afin de s’y accorder rapidement. Nous avons utilisé cette méthode d’écoute du souffle afin de débuter simultanément notre chorégraphie. Je trouve désormais cette technique bien plus naturelle et cohérente dans la danse car elle créé davantage de connexion entre les danseurs.
« J’ai pu percevoir la danse comme un environnement où l’on peut vivre indépendamment et à plusieurs. »
« Le fait de ne pas tous se voir ne m’a pas empêché de ressentir une connexion entre chacun. Je n’ai senti aucune personne motrice mais bien une écoute de l’ensemble des danseurs sur le rythme, l’impact, la force, et la difficulté des mouvements. »
« J’ai été surprise de la « taille » de la kinésphère, bien plus grande que je ne me l’imaginais ! »
« Le poids qui donne l’élan, la vitesse, la stabilité ou au contraire le déséquilibre. Plus qu’avec notre corps, c’est avec notre poids que nous avons appris à danser. »
« Bien que nous effectuions le même mouvement, chacune d’entre nous en avait sa propre interprétation. »
« Nous avons bâti ce projet ensemble, nous avons chacune pu y ajouter notre touche personnelle. Nous avons confronté nos idées, nos visions en toute confiance. J’ai pu avancer grâce à leurs approches de la danse et plus spécifiquement de notre projet, toutes différentes, mais toutes enrichissantes, de la plus conservatrice à la plus moderne.»
« J’ai plus appris sur le corps et la façon de se mouvoir en général que de simples exercices de danse. Nous avons évoqué l’espace et la façon qu’à le corps de l’occuper, ce que cela veut dire de lui, nous avons évoqué les notions de rythme, de poids, de respiration, de confiance, de contact... »
« L’idée d’introduire une certaine science dans la danse via la kinétographie et la labanotation, donc une certaine justesse, fait que le mouvement paraît plus profond, plus puissant, qu’un simple mouvement esthétique. J’ai donc été séduite par le discours de Laban. cependant, j’ai vite réalisé que son application n’était pas si évidente que cela. En effet, notre usage quotidien de l’espace ressemble peu à celui mis en avant par le chorégraphe.
Ainsi, lors des exercices tels que le balayage de notre kinésphère, j’ai constaté que j’avais tendance à négliger certaines parties de l’espace, notamment les niveaux les plus inférieurs. Me mouvoir dans ces niveaux ne me paraissait pas si intuitif, pourtant, j’ai éprouvé une certaine satisfaction à occuper la totalité de mon espace, de ma kinesphère, à balayer l’ensemble de ce qui m’environnait. J’ai également constaté que j’avais des difficultés à respecter mon espace et l’espace de l’autre lors des déplacements. Je pense que cela peut se retrouver au quotidien, dans notre société qui ne laisse pas toujours de place à l’espace de chacun. J’ai donc trouvé cette séance assez révélatrice de la façon dont on a tendance à occuper notre environnement. »
« Je ne pensais pas à éprouver autant de plaisir à danser. »
« Il se dégageait de cette chorégraphie dans l’eau une impression de légèreté, de fragilité, mais également de grande force. »
« J’ai du mal à lâcher prise, notamment au niveau de mon corps. Je ne parviens pas à le relâcher totalement et à le « mettre en danger », comme ici avec les situations de déséquilibre. »
« Il y avait ainsi un véritable écart entre mon ressenti de danseuse et mon ressenti de spectatrice qu’il est intéressant de noter. Je ne saurais pas exactement comment l’expliquer. Peut-être que l’exigence du danseur est plus élevée que celle du spectateur, ou que le fait d’exécuter la performance donne un accès plus large aux petits détails que le spectateur ne note pas ? »
« Je trouve ce décalage d’exigence entre danseur et spectateur très curieux. »
« Il y avait quelque chose d’un peu hypnotique dans la réalisation des mêmes mouvements en boucle. »
« Le travail sur le souffle des danseuses de « Rosas danst rosas », associé à l’accélération de leurs mouvements, était captivant. J’avais l’impression que le temps était suspendu, retenu, ce qui dégageait une atmosphère assez étrange mais plaisante. »
« Ne pas compter m’a perturbée. »
« Cela a quelque chose d’assez libérateur : aller de plus en plus vite fait que je me concentrais surtout sur les moments forts de la chorégraphie, sur les points puissants, alors que le reste m’échappait parfois un peu. J’avais alors l’impression d’être dans une certaine justesse. L’enchaînement rapide avait quelque chose d’assez euphorisant, comme une montée de sensations, d’émotions. »
« J’avais l’impression de me laisser emporter dans quelque chose de puissant, et de m’en sentir d’autant plus à l’aise. Avec le souffle, le corps prend une dimension autre, plus brute à mes yeux, avec plus d’intention. La bonne exécution du geste, son esthétique, m’a paru de plus en plus loin, l’intention et la justesse du mouvement prévalant sur le reste. Cela correspond à une vision de la danse que j’apprécie davantage. »
« J’ai constaté qu’il était simple de perdre l’intention de vue, mais que c’était
pourtant elle qui donnait tout son sens à la danse, à la création. J’ai alors réalisé son importance. »
« J’ai de l’intention à donner. »
« Malgré la vitesse il y avait une impression de douceur dans leurs gestes. J’ai eu le sentiment que les danseuses exprimaient de la souffrance. »
« Cette vision de l’espace qu’il nous est possible d’explorer à la manière de l’Homme de Vitruve nous laissant champ libre m’a beaucoup plu, notamment dans la sensation d’étirement et de limite que cela me procurait, dans les différents niveaux, de la position debout, jusqu’au sol. On recherche ici des mouvements amples, définissant une bulle qui nous est propre et dans laquelle nous ne recherchons pas le mouvement esthétique, mais juste, c’est-à-dire emprunt d’intention, qu’importe la technique, la grâce dans celui-ci. »
« En jouant avec notre centre de gravité, on se sent tout de suite comme transportés, abandonnant en partie notre corps à la gravité, ou à de potentiels courants d’air, nous emportant avec lui avant de nous laisser retrouver notre position d’humain, ancré dans le sol. Ceci a pu me rappeler le Tai Chi dans la façon de se mouvoir et dans l’intention que nous pouvions donner à ces mouvements. »
« L’idée de souffle comme support musical d’Anne Teresa de Keersmaker complète ici non seulement le lien que l’on peut faire avec le Tai Chi, mais aussi la vision du corps de Ohad Naharin, amenant le danseur, par l’improvisation, à créer quelque chose de plus spontané, plus organique, des corps mus par une même pulsion de vie, le souffle. »
« Comme ces déséquilibres pouvaient amener à des déplacements, j’ai vraiment osé aller jusqu’au bout de mes mouvements et ainsi ressentir le poids et la souplesse de mon corps. »
« Je devenais de plus en plus attentives aux parties du corps qui étaient mobilisées : quelle était l’orientation du bras, où est-ce que le regard venait se poser…. En observant attentivement les mouvements, j’essayais de voir s’il m’était possible d’y attacher une signification, une interprétation personnelle. »
« J’en garde l’idée que le plus important n’est pas le mouvement en lui-même, mais l’intention qui lui est rattachée, sans pour autant imposer une interprétation au spectateur. »
« Je ne m’attendais pas à ce que cela soit autant physique. »
« J’ai vraiment l’impression d’avoir appris à visualiser l’amplitude et la trajectoire de mes mouvements. En travaillant à plusieurs, j’ai le sentiment d’avoir amélioré à la fois mon écoute et mon observation. »
« J’ai été surprise par l’aspect technique de la danse contemporaine, ainsi que par l’esthétique. J’avais en tête des œuvres bien plus abstraites. »
« Je préfère l’asymétrie et la dissociation des mouvements à une coordination parfaite, qui me semble trop figée, manquant de vie et de respiration. »
« Le corps est un ensemble de matières en lien avec l’environnement. Le corps est un tout de matière car, par nos mouvements, nous pouvons fondre, se liquéfier, se raidir… »
« Pour une même chorégraphie chacun des danseurs à sa façon de la réaliser et de la vivre avec ses émotions et son énergie. »
« J’aime beaucoup l’idée de vouloir chercher le mouvement juste, le mouvement qui a du sens plutôt que l’esthétisme seul. Cela permet de se libérer de la pression de la chorégraphie et de se l’approprier réellement, de jouer sur le temps et le rythme en fonction de notre sensibilité propre et de s’exprimer. »
« Le travail d’Anne Theresa de Keersmaeker autour de chaque détail, les cheveux, les regards, la respiration… permet de plonger totalement le spectateur dans l’univers qu’elle choisit de nous faire découvrir. »
« Le corps peut être puissant, dynamique, communiquant, c’est une unité avec laquelle on peut transmettre beaucoup. »
« J’ai pu observer cet accord tacite lors de la phase de travail en composition libre. Ce qui s’en dégageait m’a vraiment touché en tant que spectatrice dans le sens où la scène transpirait de naturel chez toutes les danseuses, on voyait clairement que ce n’était pas fait exprès. C’était poétique. »
« Je n’avais pas vraiment de représentation de la danse contemporaine. La seule chose qui me venait à l’esprit, c’était ce côté très « perché », ces mouvements auxquels il fallait absolument donner une signification, que je jugeais comme abstraite.
Je ne voyais pas d’aspect technique à ce style de danse. Je n’en comprenais pas la complexité, ni les fondements théoriques. »
« Il me semble primordial d’oser faire les gestes, d’avoir conscience de son corps, son équilibre, son poids, mais ne pas le voir comme une contrainte. Les possibilités sont infinies. »
« La notion de confiance est centrale dans le travail des portés et des contres poids, parce que sans l’autre on tombe. Il faut ainsi être ouvert, connecté et prêt à donner et recevoir. »
« Je n’ai pas une grande conscience du danger (d’ailleurs je suis tombée…). »
« La danse permet des décharges toniques et donc d’évacuer certaines tensions. Elle peut être ainsi être vue comme une forme de catharsis. »
« La souplesse et l’aisance gestuelle sont en lien avec l’histoire physique, émotionnelle et affective de chacun. »
« La découverte de notre kinésphère nous apporte un sentiment intime d’existence dans notre espace. »
« Personne ne voit le monde de la même manière qu’un autre. C’est un peu ce que pourrait demander Duboc à ses danseurs lorsqu’elle leur propose de sentir leur corps comme une matière vivante, mouvante, en interaction avec le milieu environnant. »
« Par le contact, il nous est possible de percevoir les contractions toniques de son partenaire, ainsi que nos propres tensions. Ce que j’ai trouvé intéressant dans ce type d’exercices, c’est de ressentir un accordage progressif, par la perception du souffle et du rythme interne du partenaire. »
« C’était notre projet et peu à peu nous en devenions fiers. »
« J’ai d’abord appris à me concentrer sur moi et mes mouvements avant de me concentrer sur les autres, et d’apprendre à danser non pas pour moi, mais pour l’ensemble du groupe. »
« Il suffisait de déplacer le centre de gravité et le reste du corps suivrait. »
« J’espérais réussir à ressentir les différents mouvements de mon corps et m’ajuster aux thèmes étudiés. »
« J’ai apprécié mettre plusieurs intentions dans mes mouvements, j’ai trouvé que chaque intention différente apportait des sensations nouvelles. »
« Il est même agréable de se laisser glisser jusqu’à la limite de la chute. »
« Puis nous ralentissons, comme happées par une pesanteur. »
« J’avais l’impression de me retrouver dans une ambiance de « lutte ouvrière », le message transmis était plus important, sans jamais être ouvertement exprimé, laissant libre court à l’imagination. Cela m’a donné envie de pratiquer en groupe, et de créer notre univers avec notre message. »
« Nous avons porté notre attention sur les petits détails tels que les pauses, le placement du regard ou des membres. »
« Les femmes qui dansent dans l’extrait d’Anne Teresa de Keersmaeker témoignent d’une émotion beaucoup plus violente et presque bestiale. »
« J’ai eu une impression assez perturbante, comme si les danseurs étaient faits de chewing-gum. »
« La fluidité était telle qu’on les aurait cru fusionnés en un corps, se déplaçant dans l’espace. »
« Personnellement, j’ai ressenti comme une détente corporelle. Mon corps était à la fois lourd, mais aussi tout en légèreté comme du coton. »
« Le groupe procure un élan de motivation, d’énergie. »
« On est à l’écoute de l’autre et disponible pour l’autre. »
« J’ai compris que l’on pouvait danser sans que cela soit parfait. »
« La danse contemporaine est une discipline accessible du moment qu’elle est exercée avec sincérité. »
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